Lagunes immaculées, sommets vertigineux, gastronomie exclusive? Nous avons déjà goûté à tout. L’agence américaine de marketing Resonance a étudié les tendances dans le segment du voyage de luxe. Sa conclusion? Les voyageurs considèrent leurs vacances comme réussies lorsqu’ils en reviennent transformés: plus intelligents, en meilleure forme, plus épanouis, plus heureux.
Il n'y a pas si longtemps, les voyages étaient le privilège de citoyens au portefeuille bien garni. C’était l’époque des grands paquebots qui traversaient les océans, des trains transcontinentaux parcourant des paysages fabuleux. Des destinations lointaines et exotiques, la promesse de peuplades inconnues… Le monde était un terrain inexploré. Aujourd’hui, le monde est plus petit que jamais. Voyager n’est plus réservé aux happy few. Les compagnies aériennes low-cost vous emmènent partout en Europe et ailleurs à des prix jamais vus. Ceux qui souhaitent une plus-value dans le secteur des voyages recherchent dorénavant un certain développement personnel. Cela ressort d’une étude internationale menée par l’agence américaine de marketing Resonance, qui a observé de près les tendances dans le secteur du tourisme. Ceux qui ont réussi dans la vie et n’ont aucune limite budgétaire bénéficient d’expériences dont ils sortiront grandis.
En 2018, le tourisme du bien-être représentait un chiffre d’affaires de 639 milliards de dollars. Et d’après le Global Wellness Institute, ce montant devrait atteindre 919 milliards de dollars en 2022. Les voyages sur le thème du bien-être (wellness) ont donc le vent en poupe. Y compris dans le segment du luxe, qui propose des spa resorts exclusifs. “Tous les nouveaux hôtels et villages de vacances disposent d’un spa ou d’un centre de bien-être, cela fait désormais partie de l’expérience”, confirme Toni De Coninck, rédacteur en chef du magazine en ligne june. “Les centres de wellness recherchent l’authenticité et essaient autant que possible de travailler avec des produits locaux. Dans les Alpes par exemple, ils utilisent des masques et des huiles aromatiques à base d’épicéa. Au Maroc, ils préfèrent l’huile d’argan cultivée et transformée localement.”
Dans le segment du luxe, les voyageurs ne se contentent plus d’un bon massage ou d’un traitement relaxant. “Zen et adrénaline”, résume Amy McDonald au sein du consultant spécialisé Under a Tree, qui compte notamment Four Seasons Hotels et le Cirque du Soleil parmi ses clients. “Le wellness est une façon de célébrer la vie sans rien se refuser. Amusant et actif, avec des expériences plus profondes. Auparavant, les voyageurs du segment supérieur se satisfaisaient d’une perle bénie par les anciens d’un village indien; aujourd’hui, ils veulent fabriquer eux-mêmes ces perles dans le village. Une expérience to the bone qui les touche au plus profond d’eux-mêmes.” Il en va de même dans le domaine de l’art. Celles et ceux qui cherchent un “plus” ne se limitent plus aux musées célèbres. Les foires d’art prestigieuses comme Art Basel avec des événements en Suisse, à Miami et à Hong Kong, attirent chaque année un nombre croissant de visiteurs. L’art est leur nouvelle “nourriture”.
La durabilité occupe une place de choix dans le segment du luxe. Les chaînes hôtelières et organisateurs de voyages les plus prestigieux prennent des mesures pour réduire l’empreinte écologique des voyageurs sans sacrifier le confort. Le groupe Iberostar va très loin sur ce plan avec son programme Wave of Change.
La chaîne compte 114 hôtels quatre et cinq étoiles dans 17 pays et sur trois continents. En 2017, elle a annulé une commande de 10 millions de pailles en plastique. En 2018, elle a supprimé tous les sacs plastiques à usage unique utilisés pour les poubelles, ainsi que les bouteilles en plastique. Même le plastique des stylos, des plateaux de service et des bracelets a été remplacé par du bambou ou d’autres matériaux alternatifs. Cette mesure a permis de réduire de 200 tonnes le plastique employé par le groupe. Pour 2019, il ambitionne de supprimer toutes les formes de plastique jetable dans ses établissements. Iberostar souhaite sensibiliser ses 8 millions de clients annuels au problème du plastique dans les océans. Et ce n’est pas une coïncidence, car 80% des hôtels Iberostar sont situés en bord de mer.
Les parents désirent faire découvrir la planète à leurs enfants, les voir devenir des citoyens du monde. Et les destinations lointaines ne leur font pas peur.
Le voyageur souhaite retrouver l’ambiance et la chaleur de la région. La frontière entre l’intérieur et l’extérieur a tendance à s’estomper.
Ceux qui vivent dans le luxe accordent beaucoup d’importance à leur santé. Selon le New York Times, 90% des 1% des Américains les plus riches se sentent en grande forme. Et 78% d’entre eux font du sport ou du fitness pendant leurs vacances. Wealth is health! Vous ne faites plus plaisir à un manager en lui offrant une place dans une loge pour regarder un match de football ou une partie de squash. Il préférera participer à un triathlon ou un autre sport extrême. CEO Challenges organise des triathlons et des marathons pour les patrons. D’après son fondateur, Ted Kennedy, l’envie d’exceller est inscrite dans leurs gènes. Y compris dans le domaine du sport. Et l’argent aide. “Le vélo est l’un des rares sports où l’on peut acheter de la vitesse. Les CEO adorent les gadgets et investissent sans compter dans des vélos haut de gamme et rapides.”
“Cette recherche d’adrénaline est une autre forme de luxe”, poursuit Toni De Coninck. “Je ne pense pas que ces amateurs d’emotions fortes aient envie de se retrouver bêtement au bar de l’hôtel après leur exploit. Ils considèrent leur expérience extrême comme le luxe ultime.” Même si ce moment de repos après l’effort est bien entendu plus que bienvenu.